RUPTURE DE LA COIFFE DES ROTATEURS
LA PATHOLOGIE :
La coiffe des rotateurs de l’épaule est constituée de cinq tendons : le sus-épineux, le sous-épineux, le sub-scapulaire, le long biceps et le petit rond. Ensemble, ces tendons forment une nappe continue recouvrant comme « une coiffe » la tête de l’humérus. Ils coulissent en va-et-vient sous “l’os de l’épaulette” appelé acromion.
La coiffe des rotateurs confère à l’épaule cette large liberté de mouvement: Elévation vers l’avant, sur le côté , adduction vers l’épaule opposée, rotation externe, rotation interne..
Avec l’âge, et surtout avec certaines activités professionnelles, sports, ou positions vicieuses répétitives, ces tendons peuvent être le siège d’une inflammation et d’une usure progressives.
Deux mécanismes évoluent souvent de façon concomitante :
- La dégénérescence biologique du tissu tendineux lui-même (usure ‘intrinsèque’)
- Le frottement mécanique répétitif des tendons contre le bord de l’acromion, appelé conflit sous-acromial.
On voit progressivement l’apparition de microfissurations intratendineuses (tendinopathie), qui peuvent évoluer à long terme vers une rupture partielle ou totale du tendon concerné. La rupture peut survenir de façon lente et progressive ou très rapidement, spontanément ou après un traumatisme. Elle est d’autant plus grande et plus facile que le tendon est dégénératif.
D’un autre coté, il faut un traumatisme très violent pour faire rompre un tendon sain, comme chez les jeunes sportifs par exemple. Ces cas nécessitent le plus souvent une réparation chirurgicale rapide.
DIAGNOSTIC :
Le diagnostic d’une tendinopathie de la coiffe des rotateurs est avant tout clinique. L’examen clinique permet de détecter une souffrance ou une rupture tendineuse, mais aussi d’autres causes possibles de douleurs.
Les premiers tests d’imagerie effectués sont généralement des radiographies. Elles peuvent montrer entre autres des petits “flocons” de calcium, correspondant à des calcifications intratendineuses, qui témoignent de la dégénérescence tendineuse
L’IRM montre très bien les tissus mous, dont les tendons de la coiffe des rotateurs. Plusieurs classifications sont employées pour essayer de “grader” la sévérité et l’ancienneté de la pathologie, en prenant en compte la qualité du tissu tendineux, du muscle correspondant, du cartilage articulaire, le degré de rétraction d’un tendon rompu etc..
L’arthroscanner (Scanner précédé d’injection de produit de contraste dans l’articulation) est également un outil précieux qui peut nous aider à faire un diagnostic plus complet.
PRISE EN CHARGE :
L’indication chirurgicale devant une tendinopathie de la coiffe n’est pas systématique. De nombreux patients ayant des ruptures partielles peuvent s’améliorer fonctionnellement et voir leurs douleurs diminuer avec un traitement non chirurgical bien conduit.
Celui-ci s’étend souvent sur plusieurs mois et nécessite un engagement sérieux de la part du patient. Les traitements non chirurgicaux, souvent employés de façon concomitante, comprennent :
- Le repos relatif de votre épaule pour donner à votre tendon le temps de guérir. Il faudra modifier une partie de vos activités, bien sélectionner les sports que vous faites, et vous interdire dorénavant certaines habitudes nocives répétées.
- Des séances de kinésithérapie avec des étirements et un renforcement sélectif de certains muscles de votre épaule
- Antalgiques et anti-inflammatoires (AINS) pour minimiser la douleur et l’inflammation
- Infiltrations de corticoïdes pour diminuer l’inflammation et les douleurs
- Infiltrations de PRP (Plasma riche en plaquettes) pour favoriser la cicatrisation
Traitement chirurgical :
Une intervention chirurgicale vous est proposée si vous avez une déchirure large ou transfixiante, ou si les moyens non chirurgicaux s’avèrent insuffisants pour faire guérir une déchirure partielle.
L’intervention est le plus souvent réalisée par arthroscopie, avec 3 ou 4 petites mouchetures cutanées de 1 cm chacune.
Dans la majorité des cas, il s’agit d’une chirurgie ambulatoire. Vous rentrez chez vous le soir-même, avec une immobilisation par une écharpe du type Dujarrier pendant 2 à 6 semaines, selon les cas.
La rééducation post-opératoire est démarrée à 2-3 semaines. Elle commence par des mouvements passifs le premier mois, suivis progressivement par des mouvement actifs doux.
La plupart des patients retrouvent la fonction et la force de l’épaule dans les trois à six mois suivant la chirurgie, mais le rétablissement complet peut prendre jusqu’à 12-18 mois.
PRONOSTIC ET PREVENTION :
La réparation chirurgicale donne de très bons résultats dans plus de 75% des cas. Les précautions de mouvement et une sélection rigoureuse des types d’activité restent indispensables, même après une réparation tendineuse réussie.
Ce n’est pas parce qu’un tendon a bien cicatrisé qu’il ne peut pas s’abimer de nouveau, surtout si l’on reprend les mouvements nocifs répétitifs.
QUAND CONSULTER Mon chirurgien orthopédiste ?
Vous devriez consulter si vous ressentez :
- Une douleur chronique à l’épaule et au bras.
- Une douleur qui s’aggrave la nuit ou interfère avec le sommeil.
- Une rougeur, gonflement ou sensibilité dans la région de l’articulation de l’épaule.
- Une faiblesse motrice de l’épaule ou du bras.